
mardi 30 juin 2009
lundi 29 juin 2009
Réaction des médias à l'éviction d'Antoine Reymond
Eglise vaudoise: Antoine Reymond sèchement remercié
Le pasteur essuie une cinglante défaite à l’exécutif
L’Eglise réformée vaudoise (EERV) s’est dotée d’un nouvel exécutif samedi à Lausanne. Le seul pasteur sortant Antoine Reymond a été sèchement remercié par le synode (parlement). Les ministres Xavier Paillard et Jean-Michel Sordet, qui s’étaient inclinés face à M. Reymond en 2004, font leur entrée en force.
Troisième ministre à être élue, Line Dépraz est la première femme pasteure à s’installer à l’exécutif de l’Eglise réformée vaudoise. Celui-ci sera également présidé pour la première fois par une femme, Esther Gaillard, une laïque.
«C’est la deuxième fois en une vingtaine d’années qu’un ministre sortant n’est pas réélu», a expliqué Olivier Leuenberger, le président sortant du synode. Partiellement attendue, la défaite de M. Reymond, en poste depuis neuf ans, est cinglante: il a récolté 25 voix sur 86. Par souci de continuité, les délégués de l’Etat au sein du synode ont plaidé en vain pour la réélection des trois rescapés de l’équipe sortante: M. Reymond et les deux laïques, Max Blaser et Pascale Gilgien. Le synode les a en partie écoutés en réélisant les deux laïques.
Outre le conseil synodal, M. Reymond va devoir abandonner la présidence de la Conférence des Eglises protestantes de Suisse romande et son siège à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse. La question de son avenir professionnel est ouverte.
Le candidat évangélique, le pasteur Pierre Bader, a récolté 13 voix, puis 8 voix au 2e tour. A ses yeux, sa non-élection ne va pourtant pas évacuer la question de la place des évangéliques au sein de l’EERV.
Dans 24heures
Le Synode a eu la peau du patron des protestants vaudois
DÉFAITE | Le pasteur Antoine Reymond n’a récolté que 25 voix sur 86 lors de l’élection au Conseil synodal.
Philippe Dumartheray | 29.06.2009 | 00:07
L’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a un nouvel exécutif. Il a été désigné démocratiquement, samedi, à l’aula du Palais de Rumine par les membres du Synode, l’organe législatif de l’ERRV. Il sera composé de trois pasteurs, Jean-Michel Sordet, Xavier Paillard, Line Dépraz-Besançon (tous nouveaux). Et de quatre laïcs, Max Blaser (sortant), Pascale Gilgien (sortante) Ester Gaillard et Rémy Pingoud.
Le résultat sec de ces élections masque pourtant l’essentiel. Le synode allait-il, oui ou non, accorder sa confiance à Antoine Reymond, l’homme fort du Conseil synodal depuis neuf ans et parfois surnommé, avec une ironie mordante, le «pape des protestants vaudois»?
La question semblait en fait, entendue, depuis la publication du rapport de la Commission de gestion qui l’avait épinglé pour «un comportement relationnel totalement inopportun».
Et avant le vote, la large coalition des anti-Reymond a sonné finalement la curée par la voix du pasteur Farron, président de l’Association des pasteurs et des diacres, et du pasteur Thévoz. «Il faut une nouvelle équipe, on ne coupe pas un vêtement neuf dans de vieux habits, il faut se libérer du passif d’Antoine Reymond. N’ayons pas peur du changement. Nous avons un meilleur candidat, c’est Xavier Paillard».
Un des trois délégués de l’Etat de Vaud, Charles-Louis Rochat, a bien tenté de défendre Antoine Reymond. «Il faut les plus aptes pour faire avancer l’Eglise.» Il en aurait fallu davantage pour retourner la situation.
Coup de force
Le Synode était prêt au coup de force, prêt aussi à mettre en selle les deux candidats malheureux de l’élection de 2004, les pasteurs Jean-Michel Sordet et surtout Xavier Paillard, respectivement ministre de coordination de la région de Morges et du Nord vaudois et adversaires déclarés du pasteur Reymond. On connaît la suite. Jean-Michel Sordet et Xavier Paillard ont brillamment passé l’épaule au premier tour déjà, avec 55 et 46 voix alors qu’Antoine Reymond mordait la poussière avec seulement 25 voix.
Une situation limpide qui obligeait naturellement l’ancien homme fort du Conseil synodal à se retirer avant le deuxième tour. Non sans avoir cité Calvin dans un discours d’adieu un peu théâtral. «Je me suis toujours efforcé de faire le bien. C’est pourquoi, je vous prie de me pardonner le mal.»
«Situation clarifiée»
Quelques minutes plus tard, dans les couloirs de l’aula du Palais de Rumine, le pasteur Reymond, manifestement ému, reconnaissait que «la situation est enfin clarifiée. Xavier Paillard et Jean-Michel Sordet ont atteint leurs objectifs. Depuis cinq ans, depuis leur défaite, ils étaient en campagne. De toute manière, il m’aurait été impossible de travailler avec eux».
Puis citant Cicéron, il s’est voulu philosophe. «Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu’il vous faut.» «J’ai la chance de posséder les deux.»
A quelques mètres d’Antoine Reymond, Xavier Paillard, le nouvel homme fort du nouveau Conseil synodal, même s’il ne sera que vice-président d’une assemblée dirigée par la laïque Ester Gaillard, évoquait déjà le futur. «On va travailler en équipe, de manière collégiale. Notre Eglise a vécu un gros malaise depuis 2002. L’Eglise a besoin de retrouver une vie à l’interne, il faut resserrer les liens et donner du sens à notre travail. Je sens une Eglise fatiguée.»
ÉDITORIAL DE PHILIPPE DUMARTHERAY
L’atterrissage raté du pasteur Reymond
C’est l’histoire d’un homme qui avait pris trop de place au sein de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud. Et qui se retrouve finalement seul à quai. Grand architecte des nouveaux rapports entre l’Eglise et l’Etat, entre protestants et catholiques, le pasteur Reymond avait sans doute un peu fini par croire que son Eglise s’identifiait à lui.
Président également de la Conférence des Eglises romandes, ce redoutable négociateur pouvait même rêver d’un destin national au sein de la FEPS, la Fédération des Eglises protestantes suisses.
Comme dans le jeu de l’oie, le pasteur Reymond est pourtant revenu à la case départ. Remercié sans ménagement par les siens. Des siens qui, à tort ou à raison, ne supportaient plus son regard hautain, peut-être un peu méprisant aussi face à tous ceux qui n’arrivaient pas à soutenir son rythme. Par la voix de Max Blaser, le nouveau Conseil synodal a du reste trouvé la bonne image pour évoquer l’une des raisons de la disgrâce de l’ancien patron des protestants vaudois. «Il est pour Antoine Reymond comme pour l’albatros de Baudelaire, ses ailes de géant peuvent l’empêcher de marcher».
Après les soubresauts institutionnels de ces dernières années, après les conflits à l’interne, entre le Synode et le Conseil synodal notamment, des conflits mis froidement en évidence par la Commission de gestion de l’EERV, l’Eglise protestante vaudoise avait besoin de souffler pour retrouver un peu de cohésion. C’est pour cette raison qu’elle s’est choisi des hommes de terrain, à l’instar de Xavier Paillard et de Jean-Michel Sordet, pour continuer à avancer d’un pas moins rapide certes, mais plus serein.
Habile dans les airs et les grands dossiers, Antoine Reymond n’a pas su négocier son retour sur terre.
Exit Antoine Reymond
Ainsi donc, le Synode de l'EERV a pris ses responsabilités. Un ère nouvelle va faire son apparition; en tous cas souhaitons-le. Il ne s agit pas de révolutionner l'EERV, mais bien de faire une petite place à la mouvance évangélique douce. Si les vaudois évangéliques ne se reconnaissent pas dans les évangéliques américains, jusqu'au boutistes, les évangéliques modérés peuvent apporter un renouveau à l'EERV. Le Conseil synodal a été renouvelé, c'est tant mieux. Verrons-nous aussi un changement au sein du Synode? Une petite mue serait aussi souhaitable après temps d'années de stagnation. A tous ceux qui squattent le Synode depuis de longues années aient l'intelligence et la clairvoyance de se retirer. Bon vent à la nouvel équipe.
mercredi 24 juin 2009
Ne pas confondre business et entraide
A propos de l’article intitulé «Roland Decorvet rêvait d’aventure, c’est avec Nestlé qu’il la vit» (24 heures du 16 juin 2009):
Est-il possible d’aider sans bénéfices? Si le travail de l’EPER est mis en question depuis l’élection de Roland Decorvet au sein de son conseil, c’est injuste. Le travail de l’entraide protestante dans les pays du Sud est exemplaire. Il y a consensus incontestable là-dessus, de toutes parts. Donc pas d’affaire EPER-Nestlé à suivre, s’il n’y avait Roland Decorvet qui continue à diffuser des messages ambigus.
En Suisse alémanique, il avait claironné que Nestlé était la meilleure organisation humanitaire qu’il connaisse. Dans 24 heures, il déclare qu’aider sans bénéfices n’est pas possible et que Nestlé est exemplaire en matière d’aide au développement. Il est le directeur suisse de son employeur, rien de plus compréhensible qu’il tienne ce genre de propos. Mais qu’il les tienne dans un portrait qui mentionne la pétition signée par plusieurs milliers de personnes en souci pour «leur» œuvre d’entraide, c’est de la provoc inutile.
C’est surtout une méconnaissance crasse des sensibilités des dizaines de milliers de personnes qui s’investissent depuis de nombreuses années bénévolement pour faire connaître les moyens déployés par l’EPER. Pour aider sans bénéfices autres que ceux en lien avec une meilleure vie accessible à des personnes en difficulté. Pas gratuitement, sans implication des bénéficiaires ainsi soutenus, car il ne s’agit pas d’assistance. Mais sans profit financier pour l’EPER.
Ce qui inquiète probablement les pétitionnaires, c’est qu’il n’y a aucune similitude entre les objectifs d’une entreprise commerciale, quelle qu’elle soit, et une œuvre d’entraide. Comme le terrain d’action peut être le même, il est important d’éviter tout amalgame, dont M. Decorvet devrait s’abstenir.
Doris Agazzi,
Saint-Cierges
QUI DONC POLITISE L'EPER?
ENTRAIDE Georges Richard transmet dans le Courrier quelques réflexions à la suite d'un récent article.
L'article concernant l'EPER, publié par Le Courrier du 17 juin, à la page 1: «Nestlé garde son siège au conseil de l'EPER», et à la page 7: «La Fédération des Eglises protestantes fait bloc derrière l'EPER», provoque chez l'abonné et le lecteur que je suis les réflexions suivantes: 1) Des personnes de «droite» (et qui le revendiquent), comme MM. C. Ruey et R. Décorvet, qui ont été choisis par le Conseil de la Fédération des Eglises protestantes pour être élus au Conseil de la Fondation de l'EPER ne me paraissent pas avoir de problèmes à conjuguer leur idéologie politique de droite et leur foi chrétienne. Par contre ce qui fait problème pour eux, c'est le fait que l'EPER ait été soutenue pendant des années principalement par des «chrétiens de gauche», de sorte que M. C. Ruey s'est cru devoir lancer un appel sur son site internet pour «sortir l'Entraide protestante du ghetto écolo-socialo-tiers-mondiste»! Qui donc politise l'EPER? 2) Cette situation révèle un trait particulier de presque toutes les institutions politiques, commerciales et ecclésiastiques: elles méprisent la mise en question de leurs décisions par leur base, d'autant plus lorsque celle-ci s'organise et définit sa position par rapport à celle des «représentants» de l'institution (qu'elle n'a jamais élus directement). On a donc là, dans cette attitude de mépris et de riposte qui est celle de la FEPS et de l'EPER une perversion du rapport entre les membres d'une communauté (qui revendique le
qualificatif d'évangélique!) qui s'est laissée aller à adopter l'esprit du siècle, c'est-à-dire le refus d'écouter une interpellation de la base; et de clore le débat en prétendant en avoir le pouvoir! Comment prétendre offrir à notre société sceptique un autre modèle de société fondé dans la suivance de ce Jésus de Nazareth? Une suivance qui coûte terriblement cher à tous ceux qui acceptent son appel. 3) La dernière réflexion que j'offre en conclusion: au lieu de l'EPER, nous pouvons toujours choisir de soutenir Pain pour le Prochain et le Département missionnaire des Eglises de Suisse romande qui sont des institutions qui ont besoin de notre engagement persévérant.
GEORGES RICHARD,